Pour une démocratie directe

Épisode 7 : La démagogie

Introduction

Bonjour tout le monde, et bienvenue dans un nouvel épisode de cette série politique sur les élections.

Dans l’épisode d’aujourd’hui, on va parler de la démagogie.

La démagogie, on en entend beaucoup parler, parce que les politiciens aiment bien s’accuser mutuellement de démagogie, mais on sait souvent pas trop ce que c’est.

Du coup, je vais déjà commencer par clarifier ce que c’est : la démagogie, c’est le fait de manipuler les gens en masse (c’est à dire, de manipuler des foules) pour leur faire faire quelque chose qui va contre leur intérêt. Par exemple, voter pour la·le démagogue, ou voter dans un sens précis lors d’un référendum, ou encore, manipuler les gens pour en faire des fanatiques qui vous obéiront et que vous pourrez envoyer au casse-pipes pour aller sécuriser des puits de pétrole ou des mines d’uranium. La démagogie ça sert aussi à éviter que les gens fassent quelque chose qui va dans leur intérêt, comme les dissuader de faire grève, ou de se révolter contre la société injuste par exemple. Bref, la démagogie, c’est l’art de manipuler les gens.

Et aujourd’hui on va voir justement comment les politicien·ne·s tentent de manipuler les gens pour se faire élire, quelles techniques iels utilisent, et on verra que (à peu près) tou·te·s pratiquent la démagogie, avec plus ou moins de talent et de succès selon les personnes bien sûr. On va aussi et surtout essayer d’analyser pourquoi ça marche, parce que on entend tout le temps que l’électorat serait tout simplement bête, que les gens seraient des moutons, mais c’est beaucoup trop facile comme explication, et on va voir ici encore que c’est le principe de l’élection et le fonctionnement du système électoral qui encouragent à fond la démagogie et qui font que ça marche aussi bien.

Tou·te·s les politicien·ne·s pratiquent la démagogie

Déjà, il faut bien comprendre qu’à peu près tou·te·s les politicien·ne·s pratiquent de la démagogie (avec plus ou moins de talent, bien sûr), pour deux raisons simples qu’on a déjà vues :

  1. Les politicien·ne·s n’ont pas de convictions. Je rappelle : le système électoral fait qu’il y a une sélection des gens qui ont le moins de scrupules et qui sont le plus prêt·e·s à servir le patronat et à s’arranger avec leurs collègues pour se servir au maximum. Ces gens-là vont pouvoir progresser en politique à force d’arrangements et de renvois d’ascenseurs, et faire carrière comme ça, et les autres (les gens sincères) vont être écarté·e·s tôt ou tard et ne réussiront pas à faire carrière. Du coup, celleux qui restent auront évidemment pas de convictions ni de scrupules, ni de projet politique autre que de se servir au maximum, et vu la corruption généralisée, si vous voulez profiter au maximum de votre mandat, le meilleur moyen de le faire c’est quand même de servir le patronat comme on l’a vu, qui vous récompensera en retour. Donc première raison : l’absence de conviction et de scrupules des politiques.
  2. Deuxième raison : parce que la population ne peut pas sanctionner les élu·e·s qui la trahissent. La prétendue « sanction » électorale est inefficace, puisque la seule chose qu’on peut faire si on est pas content·e·s c’est de pas les réélire au bout de cinq ans, donc ce n’est pas dissuasif, et ça fait que les candidat·e·s ne se sentent absolument pas engagé·e·s par leurs promesses, puisqu’iels n’auront jamais de vrais comptes à rendre à qui que ce soit, et certainement pas au peuple. Donc, peu importe ce qu’iels disent ou ce qu’iels promettent, iels ne risquent concrètement rien à mentir ou à tricher. Et donc, hé bien iels vont évidemment en profiter, iels seraient bien bêtes de se priver hein, et c’est pour ça qu’iels s’en foutent de promettre et de dire n’importe quoi.

Autrement dit, avant même d’être élu·e·s, la plupart des candidat·e·s savent, qu’une fois au pouvoir, iels serviront leurs propres intérêts et ceux du patronat, plutôt que ceux de la majorité de la population Tout ça iels le savent, parce qu’iels baignent dedans depuis longtemps et donc iels le voient de l’intérieur. (Même s’iels ont pas forcément eu besoin de faire une analyse exhaustive et chiante point par point comme moi je tente de faire hein, mais simplement iels sont globalement conscient·e·s du truc.)

Et donc, leur seul but va être arriver au pouvoir (et d’y rester le plus longtemps possible), et pouvoir imposer leur politique à la population une fois qu’iels y seront.

Du coup, tout ce qu’iels vont dire et faire va être orienté dans ce sens et avec deux objectifs :

  1. maximiser leurs chances de se faire (ré)élire,
  2. préserver les rapports de domination de la société, protéger le système capitaliste, en dissuadant les gens de faire grève ou de se révolter par exemple, et en les encourageant à travailler sans jamais se poser de questions.

Ces deux objectifs vont être tout ce qui compte pour les femmes et hommes politiques. C’est à dire que l’ensemble de leurs programmes, de leurs promesses, de leurs discours, l’ensemble de leurs actes même lorsqu’iels sont élu·e·s… tout ça va être pensé uniquement pour ça, pour à la fois tenter de plaire au mieux, et à la fois protéger les intérêts des capitalistes et la société injuste. Et peu importe évidemment si c’est pas cohérent politiquement, peu importe si tout est du mensonge, ou même si ça attise la haine et que ça fait des victimes au passage, on s’en fout tant qu’on arrive à être élu·e et à profiter, c’est tout ce qui compte.

La démagogie en pratique

Comment fonctionne en pratique la démagogie ? Comment est-ce qu’on manipule les gens ?

De base, il faut deux gros éléments :

  1. que le public soit mal informé, et
  2. qu’il décide pas de façon rationnelle lorsqu’il prend des décisions.

Logique : si on était bien informé et qu’on décidait de façon rationnelle, évidemment, on suivrait jamais des charlatan·e·s.

Du coup la démagogie globalement, ça va tourner autour de ces deux aspects :

Et on va commencer tout de suite par parler du mensonge.