Pour une démocratie directe

Épisode 4 : Les intérêts des élu·e·s

De l’autre côté du pouvoir

Enfin, il y a une dernière raison pour laquelle les élu·e·s n’ont pas les mêmes intérêts que le reste de la population : les élu·e·s et l’électorat ne sont pas du même côté des institutions, et ne sont pas en fait du même côté du pouvoir. Les élus ont le pouvoir, et l’électorat ne l’a pas.

Quelques exemples :

Voilà quelques exemples absolument pas exhaustifs, pour dire que le statut d’élu·e fait que les élu·e·s vont toujours avoir des intérêts différents du reste de la population, parce qu’iels sont de l’autre côté du pouvoir. L’électorat n’exerce pas le pouvoir, il a donc a intérêt à le limiter au maximum, à faire en sorte qu’il y ait le maximum de contre-pouvoirs possibles, alors que les élu·e·s, elleux, exercent le pouvoir, et ont donc intérêt à ce que ce pouvoir soit le moins limité possible, et à ce qu’iels en aient le plus.

Or, l’un des problèmes fondamentaux du système électoral, c’est justement que ce sont les élu·e·s elleux-mêmes qui votent les lois qui organisent la société, et donc au passage les lois qui fixent les règles du jeu électoral, et les lois qui déterminent le fonctionnement des institutions… et donc les lois qui déterminent leur propre situation matérielle et juridique, et leurs propres privilèges. Du coup, ces lois, c’est très difficile de les changer dans un sens qui irait vers réellement plus de transparence, vers plus de contrôle du peuple sur ses représentant·e·s, vers un système électoral plus équitable, etc. parce que les seules personnes qui peuvent changer la loi dans ce sens n’y auront par définition jamais intérêt.

Alors, il arrive qu’il y ait quelques exceptions et quelques (petites) avancées de temps en temps pour satisfaire l’électorat, histoire de dire on fait quelque chose (genre l’alignement du régime de retraite des député·e·s sur le régime général en 2018 (une promesse de campagne de Macron), ou le fameux « non cumul » des mandats de Hollande…), mais ces avancées sont souvent en trompe l’œil (comme l’IRFM « supprimée », mais remplacée immédiatement par l’AMFM, qui est à peu près la même chose…). Et dans tous les cas ces petites avancées remettent pas vraiment en cause le gros des intérêts des parlementaires, ni leur statut spécifique, ni leurs passe-droits, mais juste une toute petite partie de ces intérêts pour calmer l’électorat et préserver le reste.